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Echos du Conseil national du 3 mai

Je crois qu’il est intéressant et utile que vous ayez connaissance de la teneur des débats du Conseil national précédant de quelques heures l’annonce de François Bayrou qu’il voterait François Hollande au second tour de la présidentielle.

Chacun a abordé ce débat avec gravité compte-tenu de l’enjeu politique qui se présente. Ce qui en est ressorti, à l’unanimité, c’est à la fois une résolution de conduite, une volonté d’action et un témoignage de confiance. Une résolution de conduite : poursuivre le travail ensemble, quelque soit le vote de chacun à la présidentielle; une volonté d’action : consolider et élargir notre voie politique, précisée à la faveur de la campagne ; un témoignage de confiance : François Bayrou doit conduire cette œuvre jugée indispensable pour le pays.

 Avec une très grande liberté de parole et un très grand respect des uns et des autres et de leurs opinions, les nombreux intervenants ont donné leur point de vue. François Bayrou, qui, me semble-t-il, il avait besoin de « prendre le pouls » de son parti, a écouté les expressions de chacun sans faire de commentaires. Très souvent, ils étaient les interprètes des militants du MoDem de leur département consultés au préalable.

Pour tous les présents, aucune des alternatives se présentant pour le second tour n’est satisfaisante. Tout d’abord, faut-il faire un choix ? Ensuite, si la réponse est oui, lequel faire ? En termes de conséquence pour le pays, et pour le devenir de notre famille politique, quelle est la moins mauvaise des solutions, à défaut d’être la meilleure ?

Face à l’émergence d’une extrême droite, proposant des solutions simplistes et irréalistes et trouvant des échos au sein même de l’UMP, violemment xénophobes et anti-européennes, en un mot contraire à nos valeurs, et la dérive inimaginable de Nicolas Sarkozy reprenant à son compte toutes les outrances de Marine Le Pen, et même surenchérissant sur elles, tout en ne cessant de diviser les français à tout propos, il y a le programme économique de François Hollande pour sortir la France de la crise qui est tout à fait inadapté à la situation présente du pays.

Une nette majorité s’est dessinée pour dire que nous centristes, héritiers et dépositaires d’une tradition humaniste, le choix de la défense des valeurs et de tout ce qui fonde la république française doit prendre le pas sur celle d’un projet de redressement économique. L’éthique, avant un plan économique !…

En appui à cette majorité, certains ont fait valoir que la projet économique de Nicolas Sarkozy, par essence ultralibéral, ne garantissait pas davantage que celui de son concurrent la sortie heureuse et rapide de la crise, et que la versatilité à laquelle ce dernier nous a habitué pendant son quinquennat et sa campagne ne pouvait qu’accroître l’incrédulité à l’égard de son plan. D’autres, ont fait remarquer qu’au niveau économique et financier, les principales décisions relevant de l’Union européenne, François Hollande serait contraint de respecter ces décisions (pacte de stabilité, par exemple) et qu’il sera donc en grande partie amené à renoncer à mettre en application les mesures annoncées dans son programme. D’autres encore, ont avancé que François Hollande avait pris des engagements un peu similaires à ceux de François Bayrou quant à la moralisation de la vie publique, mesures qui elles ne relèvent que de la volonté nationale. Cependant, il n’a pas manqué des objections sur le passage à l’acte en ce domaine par un homme jugé prisonnier d’un appareil de parti et d’alliances…

Pour d’autres, enfin, c’est le vote blanc qui constitue la solution au dilemme. Soit, parce que c’est une façon d’exprimer un refus de la bipolarisation, tout en sauvegardant l’indépendance du mouvement centriste, soit parce que pour eux, il n’est pas plus possible de voter pour un candidat de gauche, soutenu, qui plus est, par l’extrême gauche, que pour le président sortant en raison de ce qu’il est, a fait et dit au cours du quinquennat et de la campagne. Ces positions n’ont pas été défendues par beaucoup d’intervenants.

Voilà, je pense avoir résumé de façon fidèle ce qu’ont été les délibérations de ce conseil national…

Jacques Morin

conseiller national

 

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